Recruter son tout premier salarié, c’est bien plus qu’un simple contrat de travail à signer. C’est une étape symbolique dans la vie d’une entreprise : celle où l’on cesse d’être seul, où l’on devient employeur, responsable du bien-être et de la sécurité d’un collaborateur. Au cœur de ces nouvelles responsabilités, il y a un domaine aussi essentiel que souvent redouté : la protection sociale.
Qu’est-ce qui est obligatoire ? Quelles sont les démarches concrètes à effectuer ? Et surtout, comment faire les bons choix, dès le départ, sans se perdre dans la complexité administrative ?
Protection sociale : de quoi parle-t-on exactement ?
Avant de se pencher sur les obligations spécifiques liées à l’embauche, il est utile de comprendre ce que recouvre réellement le terme protection sociale. Il ne s’agit pas seulement de la mutuelle santé, mais d’un ensemble de garanties qui visent à protéger le salarié contre les aléas de la vie.
Comprendre les grands blocs de la protection sociale
Un salarié bénéficie automatiquement d’une couverture via les cotisations versées à différents organismes. Cette protection repose sur cinq piliers :
- L’assurance maladie, maternité et invalidité
- Les prestations en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle
- L’assurance vieillesse (retraite de base et complémentaire)
- Les prestations familiales
- L’assurance chômage (sous conditions)
En tant qu’employeur, vous êtes tenu de déclarer votre salarié auprès des organismes compétents afin qu’il puisse bénéficier de cette couverture de base.
Protection légale et protection complémentaire : deux niveaux à connaître
Ce que l’on appelle protection sociale légale correspond aux droits ouverts par le biais des cotisations obligatoires. Cela comprend la Sécurité sociale, la caisse de retraite, ou encore l’assurance chômage.
Mais au-delà de cette base, il existe un niveau complémentaire, que l’employeur peut (ou doit) mettre en place, selon la situation. Ce niveau inclut notamment :
- Une mutuelle santé collective
- Un contrat de prévoyance (incapacité, invalidité, décès)
- Des garanties supplémentaires en cas d’arrêt de travail ou d’accident
Des acteurs comme
CNP Protection Sociale accompagnent les TPE et les auto-entrepreneurs qui franchissent cette étape, avec des solutions adaptées aux besoins des petites structures.
Quelles sont vos obligations concrètes dès le premier salarié ?
Quand vous recrutez un salarié, même en CDD, à temps partiel ou en alternance, vous devenez juridiquement employeur. Ce statut vous engage à respecter un certain nombre d’obligations en matière de protection sociale. Certaines sont directement liées à la loi, d’autres dépendent de la convention collective applicable à votre secteur.
Déclarer l’embauche : une étape incontournable
Avant même que votre salarié ne commence à travailler, vous devez effectuer une Déclaration Préalable à l’Embauche (DPAE) auprès de l’URSSAF. Cette formalité permet notamment :
- d’inscrire votre salarié à la Sécurité sociale
- de l’affilier à l’assurance chômage
- de le faire reconnaître auprès de la médecine du travail
- d’ouvrir ses droits à la retraite complémentaire
Sans cette déclaration, votre salarié est considéré comme non déclaré, ce qui vous expose à des sanctions lourdes, même en cas d’oubli involontaire.
Adhérer à une caisse de retraite complémentaire
Tous les salariés, quel que soit leur contrat, doivent être affiliés à une caisse de retraite complémentaire Agirc-Arrco. Cette affiliation se fait au moment de la DPAE. Vous devrez ensuite verser des cotisations chaque mois ou trimestre, en fonction de la périodicité choisie pour votre gestion de paie.
Mettre en place une mutuelle santé collective
Depuis 2016, la complémentaire santé d’entreprise est obligatoire pour tous les salariés du secteur privé. Vous devez :
- proposer un contrat de mutuelle conforme aux critères du "contrat responsable"
- financer au minimum 50 % de la cotisation
- respecter un panier de soins minimum (hospitalisation, soins courants, optique, dentaire…)
- remettre une notice d’information au salarié lors de la signature de son contrat
Des cas de dispense sont possibles, mais uniquement dans des situations précises (salarié déjà couvert ailleurs, contrat court, etc.). Ces dispenses doivent être encadrées par écrit.
Prévoir une couverture prévoyance pour les cadres
Si vous recrutez un cadre, même comme premier salarié, vous êtes tenu de mettre en place un contrat de prévoyance décès. C’est une obligation issue de la convention nationale des cadres datant de 1947, toujours en vigueur.
Le contrat doit garantir au minimum un capital décès égal à 3 fois le salaire annuel brut, souvent accompagné d’options complémentaires (rente de conjoint, éducation des enfants, etc.).
Pour les non-cadres, la prévoyance reste facultative, sauf si votre convention collective ou votre branche professionnelle l’impose. Dans tous les cas, c’est un outil de protection qui mérite d’être envisagé, même sans obligation stricte.
Assurer contre les accidents du travail et les maladies professionnelles
Enfin, dès l’instant où vous embauchez, votre salarié est automatiquement couvert pour les accidents du travail et maladies professionnelles (AT/MP). Cette couverture passe par les cotisations URSSAF, avec un taux calculé en fonction de la nature de votre activité.
Votre responsabilité consiste surtout à :
- déclarer tout accident dans un délai de 48 heures
- mettre en place des mesures de prévention dans votre entreprise, même si elle est petite
- tenir un document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), obligatoire dès le premier salarié
Aller au-delà des obligations : protéger, rassurer, fidéliser
Respecter la loi, c’est la base. Mais en tant qu’employeur, surtout dans une petite structure, vous avez tout intérêt à aller plus loin. La protection sociale peut devenir un atout de management, un outil pour rassurer, fidéliser et attirer les bons profils, même si vous n’avez pas les moyens d’une grande entreprise.
Comprendre ce que votre salarié attend vraiment
Un salarié, surtout dans une TPE, cherche souvent plus qu’un simple emploi. Il veut un cadre stable, une reconnaissance sincère et des conditions de travail qui prennent soin de sa santé physique et mentale.
Offrir une bonne protection sociale, c’est lui montrer que vous vous souciez de son avenir. Et dans une petite structure, ce type d’attention fait souvent toute la différence.
Pourquoi proposer une prévoyance complémentaire même quand ce n’est pas obligatoire
Si votre salarié est non-cadre, vous n’êtes pas obligé de souscrire un contrat de prévoyance. Pourtant, en cas d’arrêt de travail de longue durée ou d’invalidité, les indemnités versées par la Sécurité sociale sont souvent insuffisantes.
Proposer une couverture complémentaire vous permet :
- de compenser la perte de revenu de votre salarié en cas de coup dur
- d’apporter une forme de sécurité psychologique
- de valoriser votre rôle d’employeur responsable
C’est aussi un message clair : "tu es important pour l’entreprise, et on prévoit ensemble les imprévus".
Une mutuelle qui couvre plus que le minimum, un vrai levier RH
La mutuelle collective n’est pas qu’un poste de dépense. C’est un outil de fidélisation. Certains contrats vont bien au-delà du panier de soins minimum, avec par exemple :
- la couverture des ayants droit (conjoint, enfants)
- une meilleure prise en charge des soins dentaires ou d’optique
- la téléconsultation ou les médecines douces
- des services d’assistance (accompagnement psychologique, aide à domicile…)
Ces options peuvent être proposées sans exploser le budget, en ajustant le niveau de garanties. Pour un salarié, ces détails ont un impact réel sur la qualité de vie. Et pour vous, c’est un moyen de construire une relation durable et équilibrée.
Et vous, en tant que dirigeant ? N’oubliez pas de vous protéger aussi
Lorsque l’on devient employeur, on se concentre naturellement sur la protection du salarié. C’est normal, c’est la loi. Mais beaucoup de dirigeants de TPE ou d’auto-entrepreneurs qui recrutent oublient qu’ils ne sont eux-mêmes pas protégés de la même façon que leurs salariés.
Un dirigeant n’a pas automatiquement droit à la même couverture
En tant que travailleur non salarié (TNS) ou même en SASU, vous ne bénéficiez pas :
- de l’assurance chômage
- d’indemnités journalières aussi complètes que celles d’un salarié
- ni de prévoyance automatique en cas d’invalidité ou de décès
Cela signifie qu’en cas d’accident, d’arrêt maladie prolongé ou de coup dur, c’est votre revenu personnel qui est en jeu, mais aussi la stabilité de l’entreprise. Un salarié peut être remplacé. Un dirigeant, non.
Anticiper, c’est aussi sécuriser l’entreprise
Souscrire une complémentaire santé et un contrat de prévoyance personnelle, c’est assurer la continuité de l’activité, rassurer vos proches et vos partenaires… et parfois, tout simplement éviter la fermeture de l’entreprise en cas d’imprévu.
Protéger vos collaborateurs, c’est bien. Vous protéger vous-même, c’est essentiel. Et cela participe à une gestion saine, humaine et responsable.
Conclusion
Recruter son premier salarié, c’est ouvrir une nouvelle page. Celle d’une entreprise qui se développe, qui fait confiance, et qui assume son rôle d’employeur.
En matière de protection sociale, les obligations sont précises, mais elles ne sont pas insurmontables. Bien accompagnées, bien expliquées, elles deviennent même des leviers de valorisation, de confiance et de fidélisation.
Prendre soin de vos collaborateurs dès le début, c’est poser les bases d’une croissance saine. Et cela commence par une mutuelle bien choisie, une prévoyance adaptée… et un peu de clarté dans vos démarches.